Le 19 mai 59
Madame,
Je suis l’auteur des inscriptions apposées sur vos murs dans la soirée de samedi.
Le thème de la réunion, l’ambiance du lieu m’avaient paru appeler des corrections de ce genre.
Apprenant qui vous êtes, je tiens à vous assurer que maintenant je les estime tout à fait superflues.
Veuillez agréer, madame, mes salutations.
G.-E. Debord
Lettre sur papier à en-tête de la revue Internationale situationniste.
Invité à une soirée mondaine — contre l’apartheid en Afrique du Sud — organisée chez Béa Dassin par une des Peter Sisters, femme de son producteur danois, Guy Debord, pris d’ennui autant que de boisson, trouva plus opportun de courtiser la petite Dassin âgée de douze ans et de couvrir les murs d’inscriptions telles que « Vive l’Algérie libre » et « Libérez Krim Belkacem ». Grâce à cette lettre, le producteur fut tiré de l’embarras et l’incident fut clos avec un bouquet d’orchidées et un dîner chez Haynes.