La Bible est le seul scénariste qui ne déçoive pas Cecil B. De Mille
Personne ne se souvient de la projection de quelques films lettristes en 1952, la censure y ayant mis à l’instant bon ordre. Nous cesserons désormais de le regretter puisque tout le monde peut voir le dernier film de M. Norman Mac Laren qui, d’après ses déclarations, paraît en avoir repris l’essentiel de la présentation formelle. Venant à la fin d’une longue carrière toute de labeur et de dévouement à la cause des films éducatifs de l’U.N.E.S.C.O., Blinkity Blank a valu à son créateur l’admiration méritée d’un 8e Festival de Cannes qui fut, à ce détail près, aussi morne que prévu. Et, nous-mêmes, nous le félicitons chaleureusement de nous apporter la preuve de ce que, malgré les interdictions diverses, les plus scandaleuses innovations font leur chemin jusqu’au sein des organismes officiels de la propagande de nos ennemis.
« Cette fois, au lieu de peindre sur pellicule transparente, j’ai utilisé une bande complètement noire, sur laquelle j’ai gravé des images à l’aide d’un couteau, d’une aiguille à coudre et d’une lame de rasoir. Par la suite, je les ai coloriées à la main avec des peintures cellulosiques… Rejetant la méthode visuelle qui fait d’un film une suite automatique et inexorable de vingt-quatre images par seconde, j’ai éparpillé sur la bande opaque qui se trouvait devant moi, une image ici, une image là, laissant délibérément noire la plus grande partie du film. » (Déclaration de Norman Mac Laren, citée par M. Maurice Thiard, dans Le Progrès, le 5 mai 1955.)
Potlatch n° 21, 30 juin 1955.